La voyance par téléphone avait assurément ses atouts. Elle offrait une écoute, un savoir-faire sur les dernières valeurs, et une façon d'entrevoir extérieure que la misanthropies ne pouvait lui donner. Mais ce qui à partir du début avait été un soutien fiable devenait petit à petit un valise. Emma commença à se sentir piégée par ce besoin régulier de consulter, d’interpréter chaque communion par le prisme de la voyance et des données. Un jour, après avoir reculé après une tel et tel consultation avec un voyant de Maxi Voyance, elle se sentit débordée par une impression d’insatisfaction. Cette fois-ci, elle n’avait pas identifié les réponses qu’elle espérait. Au lieu de l'éclairage qu’elle attendait, la tarologue lui avait parlé de époques de transition possible, d'initiatives importantes à adopter. Mais aucune de ces prédictions ne semblait réellement l’aider à évoluer. Pour la première fois, elle réalisa qu’elle était devenue attachée non pas des réponses en particulier, mais du sentiment évidemment qu’elles lui apportaient. Cette mentalisation fut rapide. Elle se rendit compte qu’elle n’agissait plus par intuition ou par volonté personnelle, mais qu’elle s’appuyait pleinement sur la voyance et ésotérisme pour valider toutes ses décisions. Ses propres pensées, ses envies, ses intuitions avaient été relégués à l’autre plan, éclipsés par les prévisions des données. Ce constat la troubla extrêmement. Était-elle en train de dévaluer, d’abandonner votre propre pouvoir décisionnel en faveur de ces consultations ? La dépendance à la voyance et ésotérisme commençait à mortifier d’autres aspects de son histoire. Elle évitait les rencontres debouts avec ses copains et son foyer, optant s'intéresser à les voyants de Maxi Voyance pour des conseils. Ses journées étaient marquées par de quelques instants d’hésitation perpétuelle, car chaque nouvelle action était soumise à une confirmation extérieure. Elle avait perdu confiance en son aisance à suivre des décisions seule, et cette dépendance ne faisait qu’accroître son insécurité. Emma pris la décision dans ce cas de faire une pause. Ce fut une décision éprouvante, car elle s’était vraiment habituée à faire appel à la voyance qu’elle craignait de se retrouver sans données, sans garantie sur les des choses future. Mais elle connaissait que cette relaxation était indispensable. Elle avait besoin de dégrossir sa propre verbe, de apprendre à nouveau à se faire confiance. Les nombres avaient été un site web, mais elle comprit que la juste transformation ne pouvait venir inopinément que d’elle-même.
